Souvenirs de mon enfance de guerre
Nous sommes partis le premier septembre 1939 du département de la Moselle en France. Nous sommes rentrés un an plus tard en Allemagne.
L’article 16 de la convention d’armistice signée à Rethondes le 22 juin 1940 stipule : le Gouvernement français procédera au rapatriement de la population dans les territoires occupés, d’accord avec les services allemands compétents.
Si l’annexion de 1871 est légale, conforme au droit international comme figurant dans le traité de Francfort du 10 mai 1871, il n’en est pas de même pour l’annexion en 1940. Cette annexion n’a jamais été ratifiée par un traité international. Annexée de fait ou encore annexée par le fait du prince, la Moselle est séparée du reste de la Lorraine en juillet 1940 et intégrée au Gau Westmark comme un nouveau territoire du troisième Reich. Hitler a-t-il voulu démontrer par-là que la force est au-dessus des lois et qu’il ne voulait pas imposer à la France la signature d’un texte, contraint et forcé, sans possibilité d’opposition, ni tout simplement de discussion, comme ce fut le cas pour l’Allemagne dans le traité de Versailles du 28 juin 1919 qui pourtant dans son article 27 déclare la restitution à la France de l’Alsace et de deux anciens départements lorrains, la Moselle et la Meurthe ?
A ce stade de mon propos, je dois évoquer la Convention d’armistice du 22 juin 1940. Si le traité de Versailles de 1919 a été qualifié de Diktat par les Allemands, Hitler a imposé dans cette convention d’armistice des conditions telles, qu’elle peut être considérée comme le Diktat de la revanche pour ne pas dire le Diktat de la vengeance.
Dans le cadre de mon propos d’aujourd’hui, il ne m’appartient pas de relater et commenter les 24 articles de la Convention. J’évoquerai uniquement ceux qui se rapportent à mon sujet.
Article 2.
En vue de sauvegarder les intérêts du Reich allemand, le territoire français, situé au nord et à l’ouest de la ligne tracée sur la carte ci-annexée, sera occupé par les troupes allemandes (Je ne commente pas la ligne de démarcation que tout le monde connaît : elle est passée par Parcey…).
Article 3.
Dans les régions occupées de la France, le Reich allemand exerce tous les droits de la puissance occupante…
Article 16.
Le Gouvernement français procédera au rapatriement de la population dans les territoires occupés, d’accord avec les services allemands compétents
QUID de l’Alsace et de la Moselle ? RIEN dans la convention d’armistice. Ces départements font partie des régions occupées, au même titre que les autres départements occupés.
En juillet 1940 : annexion de fait de l’Alsace et mise en place d’une politique de germanisation et de nazification. Les deux départements alsaciens sont intégrés au pays de Bade et l’ensemble forme le Gau Oberrhein dirigé par le Gauleiter Robert Wagner installé à Strasbourg. Ses pouvoirs sont considérables et ne relèvent que du Führer en personne. Wagner s’est donné cinq ans pour faire de l’Alsace un territoire définitivement allemand.
La situation est identique pour le département de la Moselle, comme je l’ai dit plus haut : annexion en juillet 1940 et séparé du reste de la Lorraine pour être intégré au Gau Westmark. L’ancienne frontière de 1871 est rétablie le 25 juillet, marquant de fait l’annexion du département de la Moselle au Reich allemand.
Le Gauleiter Josef Bürckel prend ses fonctions le 7 août 1940 à Sarrebruck, en tant que nouveau chef de l’administration civile allemande en Moselle. Le « CdZ-Gebiet Lothringen » remplace officiellement le département de la Moselle. Le 8 août 1940, le préfet Bourrat est expulsé de ce nouveau territoire allemand et dans les semaines suivantes, expulsion de Mgr Heintz évêque de Metz et de milliers de Messins, fonctionnaires, patriotes ou anciens militaires.
Pour conjurer la résistance passive des Messins, le Gauleiter Bürckel organise en grandes pompes son entrée officielle à Metz, le 21 septembre 1940. Il se fait remettre les clés de la cité par Roger Foret, le dernier maire allemand de la ville en 1918. Résidant principalement à Neustadt dans le Palatinat, il ne reviendra que rarement à Metz Informé des contrariétés de Bürckel au sujet des Lorrains mosellans, Hitler donne des ordres pour que la Moselle soit « germanisée en dix ans ». Une ordonnance porte donc le 28 septembre 1940 sur la germanisation du nom des habitants mosellans.