L’atelier de gravure d’Aurélien Benoist

Par un matin pluvieux, nous nous sommes retrouvés au Collège de Grammaire pour rencontrer un artiste de l’impression, Aurélien Benoist. Photographe de formation, il a, en 2011, pris un virage professionnel décidant de s’adonner à l’impression.

Notre circuit s’organise autour des trois lieux de son atelier ; la galerie, la salle noire et la salle blanche.

Dans la salle blanche notre autodidacte de la gravure travaille ses projets : linogravure, taille douce… Il y prépare ses micro-éditions de linogravure (~ 100 exemplaires non numérotés) d’animaux disparus, en particuliers : aurochs, canards à tête rose, huppes… La préparation de la matrice demande de une heure à deux jours. C’est une taille d’épargne dans le lino, le bois, la gomme… L’impression se fait en douceur. En revanche la taille douce sur cuivre, zinc, acier…se fait à forte pression.

C’est ce que nous allons expérimenter dans la salle noire ; elle doit son nom à l’encre utilisée et comprend un impressionnant matériel.

Aurélien Benoist a eu beaucoup de chance, il a pu acquérir différentes presses anciennes, au risque de manquer de pièces de rechange en cas de défaillance. Une presse à mâchoires de 400 kg qui a un siècle et vient d’un atelier de Saint-Vit ; une presse à typographie de 1969 offerte par le directeur des Beaux-Arts de Beaune. Celle-ci lui permet d’utiliser toutes les superbes casses qu’il a pu réunir pour réaliser des éditions de textes à la demande ou lorsqu’il travaille avec des enfants. Et puis nous découvrons la presse de Josette Coras mise en dépôt par l’association éponyme, et nous allons la voir en action.

Notre artiste a une passion pour le beau papier très blanc « cocaïne » de la maison Zuber ; il l’utilise dans des poids allant jusqu’à 700g pour des impressions sans encre, une sorte de gaufrage.

Une autre grande passion ce sont le noir et le rouge. L’encre noire, liquide, solide, en crème lui permet toutes les nuances de noir, du plus pur, du plus profond jusqu’au plus transparent. Et le rouge le fait chanter.

Les artistes font un grand retour dans la recherche sur les matières. En ce domaine « l’érosion » est le fruit du cheminement d’Aurélien Benoist. Il s’y adonne à partir d’une plaque d’acier oubliée dans les bois durant quelques temps, soumise aux aléas des éléments ou posée sur le sol de l’atelier et sujette aux attaques quotidiennes des pas des visiteurs. Il obtient ainsi des érosions qu’il imprime ; c’est une taille douce, originale, aléatoire. Chacun peut y suivre sa pensée, son rêve. Après quelques tirages, très peu et numérotés, il modifie la plaque, la chauffe, la brûle ; il étudie le résultat qu’il imprime. C’est une érosion plus guidée. Il peut intervenir avec de l’acide, du sulfate de cuivre, à la pointe sèche, au chalumeau… Puis il nettoie la pièce et comme chaque artiste en impression est un peu droguiste chacun a « son truc ».
Ensuite il « paume » la pièce au blanc de Meudon et l’installe sur une plaque de presse ; il la recouvre d’une feuille de papier plus ou moins humide pour que « le papier tombe amoureux de l’encre » et sur laquelle il étire « un lange » de feutrine épaisse. Ensuite il actionne la roue et nous voyons apparaître l’œuvre.
Moment bien sûr à la fois excitant et émouvant.

Aurélien Benoist participe au mouvement qui veut faire du figuratif avec de l’abstrait.
A Dole, ces artistes se sont associés et on peut apprécier le fruit de leurs recherches dans la galerie temporaire, le 36, 25 rue des Arènes.

Nous avons été très intéressés par cette visite riche d’enseignement et par la rencontre d’un artiste en recherche exprimant ses doutes et ses rêves.

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