Notre guide bénévole a été archiviste et bibliothécaire de la Ville d’Auxonne. Passionnée par l’histoire de sa ville, elle a fondé l’association Auxonne-Patrimoine qui a été très active, des années durant, notamment pour réhabiliter les abords du « château Louis XI », où commence notre visite. Désormais en retraite, Mme Speranza poursuit ses recherches historiques et anime un blog : auxonne-patrimoine.net. Jean-Pierre Feuillebois, natif d’Auxonne, a préparé et géré avec maestria l’organisation de notre journée.
Le château d'Auxonne
Il existait déjà un grand château qui s’étendait jusqu’au terrain de l’hôpital. Dans ses dépendances se trouvait l’atelier monétaire où le duc Hugues IV fit forger monnaies depuis le XIIIème siècle et ses successeurs jusqu’en 1412. L’atelier fut installé rue Davot jusqu’en 1477. C’est dans une des salles du château que les Etats décidèrent en 1423, de s’allier aux Anglais contre les Armagnacs. Charles d’Amboise reçut en 1479, au nom de Louis XI, la soumission des villes de Franche-Comté après la destruction de Dole. Une bastille fut construite en 1479 à la place du château primitif sur ordre de Louis XI, après l’annexion du duché de Bourgogne au royaume de France.
A gauche de la porterie, se trouve la robuste tour Notre-Dame avec de belles salles voûtées. La porte d’entrée avait un pont levis sur les douves, une herse et un passage piétons .
Dans la cour, à droite, sont les plus anciens bâtiments du XVIème siècle. Ils comprenaient le logis du gouverneur, et les logements des gens de guerres, les mortes-payes. La façade est ceinturée d’un cordon mouluré. Les écussons et ornements héraldiques qui s’encadrent dans des couronnes ou entrelacs cordés ont été martelés en 1792. On peut voir dans l’une des salles, une belle cheminée ornée d’une salamandre, emblème du roi François 1er.
Le bâtiment levé à gauche est l’œuvre de Vauban qui engloba le château dans ses fortifications et rendit l’aspect de la place forte plus défensive.
Des cadrans solaires bien conservés sont visibles dans la cour du château.
Les principaux gouverneurs sont : Jean de Saulx-Tavannes, Henri de Beauffremont, Claude-Charles-Roger, Jean de Budes de Guébriant, Bernard du Plessis-Besançon (1644), le duc d’Epernon (1651) représenté par MM de Saint-Quentin et de Trevey. Après le traité de Nimègue, la place forte perdit de son importance stratégique avec l’annexion de la Franche-Comté au royaume de France. L’illustre famille Thiard se transmit le gouvernement d’Auxonne, Claude de Thiard 1, Claude de Thiard 2, Jacques de Thiard, Anne-Claude de Thiard, Claude de Thiard 3. La ville fut plusieurs fois marraine des enfants de Thiard qui portèrent le prénom d’Auxonne : Pontus-Gabriel-Auxonne de Thiard (1670), Auxonne-Marie-Théodose de Thiard (1772).
Dans la cour, à droite de la porterie, sont gravés le niveau des inondations de la Saône.
Louis XII venu à Auxonne en compagnie d’Anne de Bretagne le 12 mai 1501 fit renforcer les défenses de la ville. Lors de la lutte entre François 1er et Charles-Quint, Auxonne est restée fidèle au roi de France (1526). Lanoy, vice-président de Naples, envoie 500 chevaux et deux régiments à pied devant Auxonne, mais dut rebrousser chemin devant la résistance des habitants.
Le Grand incendie d’Auxonne le 4 mai 1553 détruisit 350 demeures, deux tours et une partie de la couverture des murailles, les habitants s’étant précipité pour protéger la poudre à canon entreposée sous les halles, artillerie et munitions.
La première conquête de la Franche-Comté en 1668, amena dans la ville des troupes indisciplinées qui irritèrent les Auxonnais. Louis XIV accompagné de Louvois arriva à Auxonne le 9 février 1668. Le roi entra dans Dole mais dût rendre la Franche-Comté qui retourna sous la domination espagnole (traité d’Aix la Chapelle). Les murailles d’Auxonne furent renforcées. La seconde conquête de la Franche-Comté en 1674 annexa la Franche-Comté par les traités de Nimègue (1678-1679).
_____________
La ville d'Auxonne
Les bords de Saône
Visite de la salle des témoins. Depuis le haut des remparts, on voit les quais de Saône en marches d’escalier, édifiés par les Carriers Ragoucy de Damparis en 1852.
A gauche, on voit l’entrée du canal de 3 km qui raccourcit un méandre de la Saône, en face, on voit le barrage réalisé avec des coussins d’air gonflés ou dégonflés suivant la hauteur de la rivière. Le pont de chemin de fer enjambe la Saône et le canal.
L’hôpital
L’hôpital construit entre 1843 et 1863 par l’architecte Jean-Baptiste Phal-Blando, occupe l’emplacement d’établissements plus anciens, le couvent de l’Ave Maria fondé par sainte Colette en 1412 et l’ancien hôpital de 1631 (Couvent des Clarisses). Il est de style pastiche italien-romain, en forme de U bordé de galeries, les deux faces avant ont des corniches portant chacune deux statues des apôtres. A gauche, se trouve la chapelle, à droite la pharmacie de 1792 qui ne se visite pas.
Rue colonel Denfert
Au bout de la rue colonel Denfert, se trouvait l’ancien couvent des Ursulines (1758. Architecte Antoine). La façade de la chapelle est en pierre rose de Sampans. La brasserie Martin se trouvait dans la cour de droite, au début du siècle dernier. Le grand bâtiment à étages à gauche, est l’ancienne école religieuse sainte Anne transformée en appartements.
Grande rue, rue Davot, passage Xavier Girault, Bibliothèque municipale
En remontant la rue Davot, on voit une maison pittoresque à colombage (début XVIIe). On arrive directement sur le passage Xavier Girault, ancien maire (1850). La bibliothèque municipale, la salle de lecture et le fonds ancien se trouvent dans les salles du premier étage.
A l’angle du passage, on voit une très belle maison à novellée (XVIe). Le premier étage largement débordant abrite au rez-de-chaussée une galerie couverte sur laquelle s’ouvrait la grande arcade d’une boutique.
Rue du Bourg
Au milieu de la rue, on découvre une très belle maison de 1548 de style Renaissance.
L’arsenal
Actuellement, c’est le marché couvert du vendredi matin.
En 1674, le marquis de la Frézelière avait fait transformer les vieilles halles en un arsenal où l’on fabriquait des affûts de canons. L’armée s’accapara du bâtiment, Vauban le transforma, fit reconstruire l’édifice en 1689. Au fond, le bâtiment des charrons (cantine du lycée) avec son grand toit où on faisait sécher les « blancs », affûts de canons peints en blanc. Les grandes forges sont à droite. Auxonne ne fondait pas les canons, sauf peut-être au haut moyen-âge.
Eglise Notre Dame
La partie la plus ancienne est le transept Sud du XIIe s. L’église a été construite au XIIIe et XIVe siècles, le porche a été ajouté en 1516. Deux tours devaient surmonter le portail, une seule a été terminée, celle de gauche menaçait de s’enfoncer dans le sol. Le porche abrite 22 statues des prophètes dans des niches.
Les tympans du porche flamboyant sont dus au sculpteur dolois Aubin Billot (1855), à droite la Nativité, au centre, le baptême du Christ, à gauche, l’Annonciation.
L’édifice a été restauré au XIXe s. par l’architecte Phal-Blando, il a fait construire la flèche du clocher (haute de 37 m).
Dans le transept, des colonnettes flanquent les massifs piliers. A droite et à gauche s’ouvrent plusieurs chapelles. La première à droite est celle des fonds baptismaux. Vers la sacristie, on voit les deux plates-tombes de Pierre Morel, clerc, avocat, trépassé le 9 juin 1400, et son frère Hugues Morel doyen de Besançon, trésorier de la Sainte Chapelle de Dijon, sa date de décès n’a jamais été gravée.
A l’étage supérieur de la nef s’ouvre un triforium surmonté d’une coursière au niveau des fenêtres hautes.
L’orgue, initialement placées sur un jubé séparant le chœur de la nef, a été détérioré par la foudre. Les orgues nouveaux ont été déplacés en 1629 sur l’estrade actuelle au-dessus de la grande entrée. Elles ont été restaurées par Joseph Callinet en 1789 et par Louis Chavan de Lyon en 1822.
La chaire à prêcher en pierre rouge de Sampans, s’orne des images des quatre évangélistes, ce sont des statuettes en bois peint, pour remplacer celles des quatre docteurs de l’Eglise brisées à la Révolution.
A gauche, le marbre funéraire de Duplessis-Besançon qui retrace la carrière militaire et diplomatique du grand serviteur de la monarchie. A droite, le marbre funéraire de François Xavier David de la Martinière, dernier major commandant le château d’Auxonne mort le 12 mars 1801.
Les boiseries du chœur comportent 12 très belles stalles de la fin du XVIe. L’imposant lutrin, un bel aigle en bronze, est daté de 1562. La statue de la vierge au raisin a été sculptée au milieu du XVe s. Elle est de l’école bourguignonne. La statue de la vierge à l’enfant du XVe, était placée autrefois au-dessus du porche. On remarque un Saint Antoine polychrome de la fin du XVe et un très beau Christ de Pitié du début du XVIe.
Statue de Bonaparte
Erigée à la demande des Auxonnais pour commémorer le séjour de Bonaparte à Auxonne à l’école d’artillerie de la ville. Du 15 juin 1788 à sept 1789 et de février au 1er juin 1791. Statue de Jouffroy, fondue par Charnod et fils à Montrouge en 1856. Elle fut élevée en 1857 sur la place d’Armes, architecte Phal-Blando. Le monument mesure au total 8,75 m. Le piédestal octogonal est rehaussé d’une grille élégante exécutée par M. Ignard entrepreneur à Auxonne. Elle est maintenue aux angles par 8 canons en fonte portant les armes de la ville. La grille comporte 120 fuseaux de section carrée terminés par des lances sont reliés par 3 traverses horizontales. Aux angles du piédestal de la statue, il y avait quatre aigles qui ont été détruits à la chute du second empire.
Les quatre bas-reliefs représentent : La jeunesse du jeune Bonaparte, simple lieutenant d’artillerie à Auxonne. Bonaparte au pont d’Arcole, épisode de 1796. Le Premier Consul présidant le Conseil d’Etat lors de la rédaction du Code Napoléon. Le couronnement de Napoléon 1er le 28 floréal an XII, (18 mai 1804). Elle a été inaugurée le 20 décembre 1857.
Hôtel de ville
Ancien logis des ducs de Bourgogne. Maison du roi en 1479. Acquise par la ville en 1811 pour y transporter la mairie. La façade en brique a été restaurée en 1857-1858 par Phal-Blando, de style néo-gothique. A l’intérieur, il existe un bel escalier en chêne massif de style Louis XIII (non vu), une jolie baie du XVe donne sur le parking à l’arrière. On passe devant une maison garnie de très belles galeries de bois. A gauche du parking, la nouvelle salle des fêtes et le théâtre d’Auxonne. Acquis par la ville en 1831, ils succédaient à une ancienne salle de spectacles aménagée par Joseph Caré en 1785.
Kiosque à musique
Construit en 1901 par la maison Blairon de Charleville. C’est un plan octogonal de 10 m, avec soubassement en moellons formant mosaïque et pilastres d’angles en pierre de Saint-Dizier et des colonnes en fontes cannelées jusqu’aux chapiteaux, décorés de roses stylisées. On traverse le boulevard Pasteur pour entrer dans le jardin public, sur les emplacements des remparts et des fossés.
Porte de Comté
Ancienne porte d’entrée Est de la ville. Construite en 1503 et conservée dans les fortifications du 17e. Côté jardin, on voit les coulisses du pont levis des chariots et à droite et la coulisse du pont levis pour piétons. Une belle niche à rampants flamboyant encadré de deux pinacles abrite sous un baldaquin frangé, deux anges soutenant les armoiries de France accompagné de deux angelots qui tiennent la traîne des robes. Les porcs épics rappellent la visite du roi Louis XII à Auxonne. On aperçoit des hermines sculptées dans la pierre.
Côté ville, entre le passage piétons et le porche apparait l’emblème d’Orléans, le bâton noueux avec au sommet le corps décapité d’un cygne (?). On distingue aussi deux dauphins et une fleur de lys.
Visite de la ville d’Auxonne par Jean-Pierre Feuillebois et Martine Speranza (5 juillet 2017). Quelques compléments historiques et photographiques au compte-rendu paru dans L’Echauguette n° 30. Clichés J. P. Choux.
2 thoughts on “Compte-rendu de la visite de la ville d’Auxonne”
Une ville-frontière qui gagne à être connue ! souvenir d’une belle visite.
Une ville-frontière qui gagne à être connue ! souvenir d’une belle visite.
Bravo !! J’aurais aimé collaborer
Un auxonnais de cœur auquel les noms de Speranza et Feuillebois rappelles mon passé
Pierre Bordigoni