Les Cordeliers de Dole.
Vous connaissez tous ce superbe ensemble architectural du centre-ville à l’histoire mouvementée au cours des siècles. Notre Carnet dolois n°9 vous en a montré les meilleurs aspects. C’est le moment de le relire afin de le compléter avec l’exposé détaillé et bien documenté que vous propose Jean-Louis Langrognet ci-dessous.
Beaucoup de Dolois et de personnes étrangères à la commune, estiment que le site et le bâti des Cordeliers présentent un potentiel important pour le développement de la ville et du Grand Dole.
Il est utile de rappeler la qualité architecturale du plus bel ensemble monastique de la ville (et le plus prestigieux dans son histoire). Cette qualité, insuffisamment perçue, est de nature à conforter et même à amplifier la réputation acquise par Dole comme « Ville d’art et d’histoire », et par là même sa fréquentation touristique.
L’architecture générale de l’établissement reprend en grande partie celle mise au point aux abbayes de Faverney (70), Corneux (70), Acey (39), etc., dans les premières décennies du XVIIIe siècle, mais le couvent des Cordeliers de Dole se distingue plus particulièrement par sa façade monumentale, par la perfection technique des quatre corps du cloître, et enfin par l’unité de l’ensemble, due à un chantier mené sans interruption de 1750 à 1770.
La façade d’entrée, entièrement en pierre de taille appareillée, possède l’une des plus belles élévations du XVIIIe siècle visible à Dole. Elle se compose de deux niveaux ordonnancés, d’un muret d’attique à fronton segmentaire au couronnement, et de trois travées de baies en plein cintre avec clés ornées de motifs sculptés. Les quatre galeries d’arcades du cloître donnent accès à plusieurs belles salles voûtées d’arêtes au rez-de-chaussée (réfectoire, salle capitulaire, bibliothèque et sacristie). L’élévation de chaque façade en moellons assisés est animée par la scansion des arcades sur piliers carrés d’ordre toscan, par le percement de baies à linteau segmentaire et par le rythme des moulures et corniches reliant les quatre ailes. Deux escaliers de grande allure conduisent à l’étage et de belles grilles en fer forgé (portes du cloître et rampes d’appui) contrastent avec l’austérité ambiante. Quelques cheminées de marbre subsistent encore et d’élégants motifs allégoriques en stuc enrichissent les voûtes et leurs retombées dans les salles les mieux conservées.
Cet ancien couvent a été occupé jusqu’en 2011 par le palais de justice. La disposition même des bâtiments, entourés de jardins et encadrant un cloître carré, la présence de galeries en rez-de-chaussée, la restitution possible d’un corridor continu desservant de grandes pièces plafonnées à l’étage, l’existence de deux escaliers en pierre (dont l’un de très grandes dimensions), sont des arguments qui plaident pour une affectation de cet établissement à des activités culturelles ou de formation.
La propriété de ce bâtiment est compliquée en particulier pour une partie du bâtiment d’entrée jouxtant la chapelle. En effet, depuis un acte notarié de 1839, Dole se trouve propriétaire d’une travée complète de ce corps de bâtiment. Cette travée se compose au rez-de-chaussée de l’ancien porche d’entrée de la chapelle (salle de réunion dite « salle des Cordeliers »), à l’étage de l’ancienne tribune donnant sur la nef de la chapelle par trois grandes baies en tiers points (murées au début du XIXe siècle) et, au troisième niveau, de deux chambres de service avec grenier. La « salle des Cordeliers » a été mise à disposition par la Ville à toute une série d’associations doloises pour tenir des réunions jusqu’en 2006, date à partir de laquelle, elle a été prêtée (et non cédée) à l’institution judiciaire pour entreposer ses archives. La salle du premier étage, quant à elle, a été louée par la Ville jusque dans les années 1940 à la chambre des notaires, le montant de la location entrant chaque année dans le budget communal. Après la guerre, la Ville a autorisé le tribunal à y stocker divers documents.
La conservation du bâtiment devrait permettre d’aménager la chapelle en retrouvant la large entrée du rez-de-chaussée qui communique directement avec la nef, en redonnant à la salle de l’étage son rôle de tribune de l’étage son rôle de tribune l’étage son rôle de tribune et en de l’étage son rôle de tribune. Il conviendrait de prévoir la réouverture des trois grandes fenêtres de la nef (murées après la Révolution) donnant sur le cloître pour retrouver l’éclairage primitif du vaisseau et mettre en valeur les très belles voûtes d’ogives.
L’ensemble de ce dossier mérite un large débat public avant toute décision irréversible.